24 juillet 2007

"Israël donne d'une main et frappe de l'autre"

Ce vendredi,le monde entier a été témoin de la libération par Israël des 256 prisonniers palestiniens. Le coup médiatique a été une réussite et le monde entier soulage sa conscience pensant que tout est bien qui va finir bien .


Au moment où le monde découvrait les images des prisonniers retrouvant leur liberté bien méritée, au camp d' Al'Ein, à l'ouest de Naplouse, on se réveille sous couvre feu militaire.



Les réfugiés n'ont pas beaucoup dormi car les soldats sont arrivés à 3 heures du matin, lançant sans relâche dans les rues, diverses bombes en tous genres. Durant toute la matinée, et ce jusqu'à treize heures, aucun des habitants du camp n'a pu sortir de sa maison. De nombreuses familles ont vues débarquer les soldats chez eux : "ils sont arrivés à quatre heure du matin, chez moi, témoigne cette mère de famille. Ils nous ont tous mis dans une petite pièce. Nous sommes dix dans la famille ! Et ils se sont servis dans le frigo. Ils ont mangé, fumé et utilisé nos affaires. Ils ont aussi essayé de casser le mur (voir photo), sans succès car ce mur ne donne chez personne, derrière, c'est la montagne." 

Deux des prisonniers relâchés par Israël sont originaire de ce même camp. L'un d'entre eux s'appel Haïssam Anis, il a 23 ans et est membre des brigades des martyrs d'al aqsa. Après avoir passé 3 ans en taule pour "act de terrorisme", il a été libéré. Condamné à quatre ans et demi de prison pour avoir émis la possibilité d'organiser un attentat suicide, Haïssam Anis retrouve le goût de la "liberté". Enfin en apparence. Sa maman, qui avait tout préparé pour faire un voyage sur Ramallah et ainsi participer aux festivités organisées par l'autorité palestinienne à la Moqataa, n'a pas pu mettre le nez dehors.


Les habitants du camp ne se sont pas laissés impressionner par l'action militaire israélienne et ont tout de même accueillis leurs revenants : les brigades des martyrs d'Al Aqsa attendaient les héros du jour, toutes armes dehors, malgré le couvre feu décrété par Israël, tirant en l'air, la musique et les fanions en l'honneur du Fatah ornant les rues. Comme si rien ne s'était passé la matinée. Mais les femmes du camp, dont beaucoup étaient réunies dans la maison familiale du jeune homme, se sont largement exprimées sur le sujet. "Israël ment et on sait tous qu'elle ne veut pas la paix." s'exclame l'une d'entre elle.

"Oui,  d'une main ils donnent et de l'autre ils frappent" ajoute une seconde. "Je suis très en colère de l'incursion de ce matin car je n'ai pas pu aller chercher mon fils à Ramallah" s'exclame la mère du prisonnier. "Son fils est allé visiter les tombes de son père et de sa sœur, morts tous deux durant son incarcération" m'explique en douce une jeune habitante du camp. La mère ne veut pas faire de fête démesurée dans sa maison, elle est encore en deuil : sa fille est morte d'un cancer un mois auparavant.

Je rencontre le jeune homme qui sort de taule. Son visage est marqué par l'incarcération, il a ce teint blafard et ce regard vide qu'ont souvent les jeunes qui rentrent des geôles israéliennes. Il parle d'"espoir de paix" et déclare sans convictions, qu'"Israël veut la paix". Il m'apprends qu'il a signé un papier avant de sortir, indiquant aux autorités israéliennes qu'il refusait "officiellement les voies de la résistance armée". Je lui parle de l'invasion israélienne du matin dans son camp; il ne sait pas trop quoi dire. Il n'a pas l'air de réaliser que depuis son départ, rien n'a changé. Il va retrouver les mêmes incursions, les mêmes soldats, la même misère. Il sort d'une prison pour entrer dans une autre, mais peu importe, le voila de retour auprès des siens et c'est ça qu'il fête aujourd'hui... demain, on verra bien.


Nadia S.

12 juillet 2007

L’université de Birzeit ferme ses portes suite à des clashes entre factions étudiantes

Suite à de violentes altercations entre étudiants du Hamas et du Fatah, au sein même de l’université de Birzeit, non loin de Ramallah, l’administration a décidé de fermer ses portes jusqu’à nouvelle ordre.

Environ 3 000 étudiants de la cession d’été de l’université de Birzeit, en provenance de tout le territoire, sont aujourd’hui privés de cours suite à la fermeture du campus, « pour des raisons de sécurités.» (photo : entrée de l'université)

Tout a commencé lors de l’arrestation, ce mercredi matin, à Ramallah, du président du conseil des étudiants de l’université de Birzeit, Fadi Hamad et un membre du bloc islamique, Hyiad Abu ra’arkour. Ces jeunes étudiants Hamas, ont été interpellés par la police palestinienne pour des raisons encore inconnues. « Leur famille ne savent pas où ils sont ni pourquoi ils ont été arrétés » explique Diana, membre du conseil des étudiants pour le bloc islamique, jointe par téléphone. Selon elle, « ils ont été arrétés dans la rue, pour des raisons politiques, c’est un kidnapping. » Le Hamas a pris la majorité du conseil des étudiants de l’université de Birzeit lors des dernières élections d’avril 2007. « Birzeit est la plus importante université de Palestine, ils veulent casser le bloc islamique en Cisjordanie. » Insiste Diana. Afin de soutenir leur leader et démontrer leur mécontentement concernant cette arrestation qu’ils jugent « politique », les étudiants Hamas ont organisé mercredi après midi, une manifestation en plein cœur de l’université. « Ils ont fait un appel à manifester, mais ils n’ont pas respecté l’une des règles qui prévaut dans notre université : l’interdiction de drapeaux autre que le drapeau palestinien. » explique le bureau des relations publiques. Une centaine d’étudiants se sont donc rassemblés portant fièrement le drapeau vert. Un groupe de jeunes, affiliés Fatah, se sont divisés pour prendre la manifestation en sandwich et les hostilités ont commencé. Jets de pierres, insultes, coups et blessures sont le résultat de ce rassemblement. « Se sont les élèves du Fatah qui ont commencé a jeté des pierres », témoigne une jeune femme de l’administration. « Notre manifestation était pacifique. Deux minutes après que nous ayons commencé, les jeunes du Fatah nous ont attaqué. (…) Ils nous ont menacé de mort parce que nous sommes du Hamas. » S’exclame Diana. « Nous nous sommes réfugiés dans deux bâtiments de l’université. On nous a dit que la police avait encerclée le campus et qu’ils étaient près à nous arrétés, nous sommes donc restés là toute la nuit, et nous y sommes encore. » Ajoute-t-elle. 22 femmes et 45 hommes du Hamas font donc en ce moment même un sitting dans l’université, qu’ils ne quitterons qu’une fois que leurs « droits serons respectés » selon la membre du conseil. « Nous ne manifestons pas contre l’université, mais contre la politique qui tend à nous priver de nos droits. » D’autre part, les deux étudiants qui ont été arrétés doivent finir leur année, « l’université doit leur fournir une aide, un avocat, ou du moins, demander à l’administration pourquoi ils ont été arrêtés.» insiste Diana.

« L’université est une part de la société, les problèmes de l’extérieure ont donc une répercussion sur la vie interne du campus », explique Haïfa, assistante sociale. Le bureau des relations publiques indique que la fermeture a pour but de « stopper le cycle de la violence. » Cependant, le campus devrait rouvrir ses portes dès lundi, si la situation le permet.
Nadia S.

5 juillet 2007

La course à la légitimité

L’aide internationale est de retour, une partie des taxes confisquées par Israël depuis l’élection du Hamas, ont été versées, mais la complaisance assumée du président et de son nouveau gouvernement envers la communauté internationale et ses exigences, risque de coûter chers à sa légitimé interne. De son côté, le Hamas négocie a coup de libération d’otages, une légitimité internationale quasi-inexistante.

Ce lundi, Israël a transféré au gouvernement palestinien, 118 millions de dollars, représentant environ 20% des taxes récoltées au nom de l’Autorité Palestinienne durant l’année 2006. L’état hébreu les avait gelés suite à l’élection du Hamas en janvier 2006. Outre les taxes, Israël propose le démantèlement de certains des 560 check point de Cisjordanie, sans donner de nombres exacts, et la libération de 250 prisonniers Fatah si ces derniers renoncent, par écrit, « à toute implication dans le terrorisme », c'est-à-dire, dans la résistance armée contre Israël. Ehud Olmert déclare vouloir faire comprendre aux palestiniens que « lorsqu’ils se battent contre le Hamas et acceptent les conditions du Quartet, ils reçoivent quelque chose en échange. » Cependant, les palestiniens ne sont pas dupes, et tant de promesses ont été faites et jamais tenues, qu’ils n’attendent pas grand-chose de la part de l’état Hébreu. C’est pourquoi, ils voient parfois d’un mauvais oeil les relations ambiguës qu’entretien Abbas avec Israël et le Quartet.

Cette proposition israélienne accompagne plusieurs décisions de Mahmoud Abbas. D’une part, il souhaite désarmer les milices palestiniennes qui ont gagné en légitimité auprès de la population pour leurs actions contres les invasions israéliennes quasi-quotidiennes. La question du sort des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, affiliées Fatah, qui assurent un soutient précieux au président pour garder la situation sécuritaire en Cisjordanie, est posée.

D’autre part, l’ombre de nouvelles élections législatives plane. Selon la constitution, le gouvernement d’urgence atteint sa date de péremption dans deux semaines. Nabil Amr, le conseiller en communication du président Abbas, espère un renouvellement de l’état d’urgence déclarant que de nouvelles élections sont « probables ». Il ajoute que l’avenir du gouvernement d’urgence sera décidé le 29ème jour de sa formation. Selon lui, il serait possible que le Conseil Législatif Palestinien (PLC) soit réuni afin de discuter de cette question. Cependant, Hassan Kresha, vice-président du PLC, joint par téléphone, pense qu’il « est trop tôt pour parler de nouvelles élections ». Il assure que « de telles élections doivent être décidées en accord avec le Hamas, le Fatah et tous les partis politique. Dans deux semaines, l’état d’urgence devrait être amené devant le conseil qui doit décider ou non de l’élargissement de cette période. Mais M. Abbas a besoin des deux tiers du parlement et ils ne sont pas présents car 45 membres ont été kidnappés par Israël et qu’il y a des divisions entre le Hamas et le Fatah. » Explique t il. « Le président n’a aucun droit de dissoudre le PLC, il doit se dissoudre par lui-même et de toute façon, je pense que de nouvelles élections seraient particulièrement dangereuses dans le contexte d’aujourd’hui. » Conclu-t-il.

De son côté, le Hamas, qui a fait un coup d’éclat médiatique en permettant de relâcher le journaliste de la BBC, Alan Johnston, se débat pour obtenir un minimum de respect de la part de la communauté internationale. A un point qu’il est même près à discuter la liberté du soldat israélien Guilat Shalit, qui selon l’Armée de l’Islam a été transféré sous le pouvoir du Hamas.

Pour chacun le grand écart est douloureux entre d’une part les exigences de la communauté internationale et d’Israël, et d’autre part la réalité de la société palestinienne et ses attentes. Selon un enquête publiée par le centre le Centre de Sondages d'Opinion de l’Université An-Najah de Naplouse et concernant un millier d’habitant de Cisjordanie, 67% pensent que les évènements de Gaza sont dues à des interventions externes. 30% d’entre eux ne se reconnaissent ni dans le gouvernement d’urgence, ni dans celui d’Ismaël Hanyeh et 30,5 % déclarent ne pas vouloir participer à de nouvelles élections législatives, si celles-ci ont lieues.
Nadia S.