30 octobre 2007

Hébron victime des colons

Vendredi 19 octobre, L’ONG israélienne B’tselem a publié un rapport édifiant sur la situation sécuritaire à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. L’ONG dénonce l’augmentation des violences commises par les colons et les soldats israéliens, à l’encontre du voisinage palestinien.


L’ONG israélienne B’tselem, dénonce dans son dernier rapport publié vendredi 19 octobre « l’augmentation des attaques de la part des colons et des forces de sécurité israéliennes sur les résidents palestiniens » d’Hébron, ville principale du sud de la Cisjordanie, comptant 160 000 habitants. Selon B’tselem, cette situation est directement dû à la présence d’une nouvelle colonie, installée à la périphérie de la vieille ville depuis 7 mois.

En effet, le 19 mars 2007, un immeuble palestinien en construction a été occupé par une dizaine de colons israéliens (voir photo). « Suite à l’établissement de cette nouvelle colonie, Israël a accru la présence des forces de sécurité qui a eu pour conséquence l’augmentation des abus et des violences de la parts des soldats et des officiers de la police de douane sur la population palestinienne », insiste l’ONG. L’immeuble pris d’assaut est revendiqué par les colons comme étant leur propriété, l’un d’entre eux l’ayant acheté 700 000 dollars. Cependant, le propriétaire palestinien déclare avoir acheté cette terre il y a plusieurs années à Ayub Jaber, qui vit aujourd’hui en Jordanie. Il aurait de plus investit 900 000 dollars dans la construction de l’immeuble et dément l’avoir vendu à quiconque. Tous les deux semblent être en possession des papiers officiels de propriété. Cette discorde a été portée devant la Haute Court de justice israélienne, qui doit donner son verdict fin novembre.

Selon Issa Amro, coordinateur de B’tselem à Hébron, « les colons veulent relier la colonie du centre de la vieille ville à la colonie d’Arb’a, juste à la sortie de la ville. » Dans le voisinage de la nouvelle colonie la vie a changé radicalement depuis ses 7 derniers mois. La rue ou siège l’immeuble a été interdite d’accès aux voitures palestiniennes, alors que les jeeps de l’armée et les bus de colons ne cessent leur allés et venus. « La vie est devenue plus difficile depuis l’établissement de cette nouvelle colonie, témoigne Bassam Juberi, couturier habitant en face de la colonie. En bas de cet immeuble, il y avait une dizaine de magasins qui ont été fermés. De plus, on se fait harceler en permanence, insulter, jeter des pierres par les colons. J’ai été porté plainte mais rien n’est arrivé. La paix n’existe que dans les médias mais pas sur le terrain. Lorsque les israéliens nous considèrerons comme des êtres humains, alors peut être que la paix sera possible. » Conclu-t-il.

Ce harcèlement continu sur les voisins palestiniens n’est pas nouveau. Déjà, dans le cœur de la vieille ville, où 500 colons occupent une bonne partie des maisons, le harcèlement est quotidien, tout comme la présence des soldats. Le tombeau d’Abraham, revendiqué par les juifs israéliens comme lieux saint, est la raison de l’édification de cette colonie. Le souk arabe a été bouclé par l’armée il y a plusieurs années et la majorité des habitants ont fuit ce quartier suites aux accès de violences des israéliens. Les ruelles du souk, désertes, sont recouvertes de grillages, portant parpaings et déchets lancés par les colons sur les passants palestiniens. L’étoile de David est taguée sur les portes des magasins fermés, signe du passage des colons. Il n’est pas rare d’entendre des insultes fusées des fenêtres d’habitants israéliens : « casse-toi sale chien » lancent des petites filles du haut de la colonie sur un homme palestinien. « Se sont les colons mais aussi les soldats qui nous lancent des pierres, de l’eau bouillante, ou de l’urine par les fenêtres, témoigne Abu Ahmed, commerçant dans la vieille ville d’Hébron. Avant la fermeture du souk, je pouvais atteindre 1 000 dollars de chiffre d’affaire par jour. Aujourd’hui, je n’obtiens pas cette somme en une année. Plus personne ne passe par ici. » Se désole-t-il.

La pression opérée constamment sur la population palestinienne force cette dernière à abandonner maisons et commerces, que les colons tentent sans relâches de récupérer. Les israéliens d’Hébron sont réputés pour être particulièrement violent et nombre de leurs concitoyens dénoncent ces agissements, sans qu’il n’y aient d’actions concrètes sur le terrain pour mettre fin à cette situation.

Nadia S.

28 octobre 2007

Israël coupe l’électricité en réponse aux tirs de roquettes

Le ministre de la défense israélien, Ehud Barak, a annoncé, jeudi, la mise en place d’une action d’envergure pour lutter contre les envois de roquettes quotidiens sur le territoire israélien : la coupure de  l’électricité.  Un aveu d'échec de la tactique militaire israélienne. Les habitants palestiniens craignent une crise humanitaire majeure.


Malgré de nombreuses interventions militaires meurtrières dans la bande de Gaza, l'armée israélienne n’a pas réussie à stopper, ni même à réduire le nombre de roquettes artisanales lancées sur son territoire. L’état Hébreu, par le biais d'Ehud Barak, a décidé de couper l'électricité à tout moment, d'abord pendant 15 minutes et puis de plus en plus longtemps à chaque fois qu’une roquette tomberait sur le territoire israélien. La bande de Gaza est en effet dépendante à 60% de l’électricité israélienne.

Punition collective

Les ONG présentes sur le terrain joignent leurs indignations aux doutes de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, concernant cette « punition collective », contraire aux lois internationales. « Jouer avec l’électricité, c’est jouer avec le feu, prévient ainsi l’ONG israélienne, Gisha, dans un communiqué. « Gaza n’est pas un “pays étranger”, Israël continuant d’opérer un total contrôle sur tous les aspects de la vie dans la bande de Gaza, et y reste donc responsable du bien-être de la population. »

Le député du ministre de la défense israélien, Matan Vilnai, a déclaré à la radio militaire israélienne : « Parce que c’est une entité qui nous est hostile, nous n’avons aucune raison de leur fournir l’électricité plus que le minimum requis pour éviter une crise. » Depuis le mois dernier, la bande de Gaza est officiellement considérée par Israël comme « entité hostile», entraînant la fermeture de nombreux points de passage, empêchant certains types de produits de rejoindre le territoire gazaoui.

Crise humanitaire
Le premier ministre israélien, Ehud Olmert, a promis au président Abbas, lors de leur rencontre vendredi, qu’Israël ne causerait pas de crise humanitaire dans la bande de Gaza. Cependant, la crise est déjà là. « La situation se dégrade et les gens attendent avec impatience de voir ce que va donner la conférence internationale, témoigne Abu Shadi, un habitant de Gaza, affilié Fatah. Dans la vie quotidienne, c’est une catastrophe, on manque de produits de première nécessité. Tout le monde fait des stocks en ce moment. Le prix des viandes, du tabac, de l’essence, des fruits et des légumes ont beaucoup augmenté. On survit grâce à l’aide humanitaire, à la Croix Rouge et à l’UNRWA, mais les ONG ne peuvent pas remplacer une autorité. » s'inquiète-t-il.

La peur est palpable et les habitants restent convaincus que ce blocus israélien a été décidé à leur encontre. « ça n’arrêtera en rien les tirs de roquettes. Insiste Abu Shadi, les dirigeants du Hamas se baladent librement dans les rues. Tout le monde sait que se ne sont pas les brigades du Hamas qui envoient les roquettes sur Israël, au contraire : il y avait plus de roquettes lancées avant la prise du pouvoir du Hamas. » se souvient-il.

Pour le moment, cette sanction n'a pas été utilisée et même si l'angoisse est palpable, les palestiniens n'en sont pas à leur première restriction. La pression sur la population pourrait entraîner une révolte bien plus grande que l'envoi de quelques roquettes.  « On a déjà eu l’électricité coupé, ce ne sera pas la première fois, déclare Jihad, étudiant affilié Hamas, habitant de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza. Israël veut faire cesser la résistance palestinienne, mais c’est peine perdue.  Ici, chaque jour qui passe est pire que le précédent : ça finira par exploser. »

La bande de Gaza est au bord du gouffre et la pression d’une crise humanitaire majeure plane, à la veille de la conférence internationale pour la paix au Proche-Orient.


Nadia S.

22 octobre 2007

Nabil, traverse le mur illégalement chaque semaine pour travailler en Israël

Nabil, 48 ans, vit dans un camp de réfugiés à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Ce père de 5 enfants est travailleur illégal : toutes les semaines il passe la frontière israélienne pour aller travailler à Tel-Aviv. Rencontre.

Pourquoi et comment êtes vous devenu travailleur illégal en Israël ?

J’ai commencé à travailler en Israël en 1980. J’étais peintre en bâtiment à Netanya. C’était très difficile et cinq ans après je suis parti à Tel-Aviv. J’ai travaillé six mois dans le tissu, puis 4 ans dans une usine de prêt-à-porter féminin. Durant la première Intifada j’ai fait 6 mois de prison car j’ai été suspecté d’avoir participer à la révolte. A l’époque, je partais de Naplouse jusqu’à Tulkarem, puis Tel-Aviv. La compagnie du bus israélienne Eagle, venait nous chercher à l’entrée du camp de réfugiés car nous n’avions pas besoin de papiers pour aller en Israël. Après les accords d’Oslo, la police palestinienne a commencé à nous demander des papiers. Le bus venait nous chercher après le checkpoint de Betiba (sortie à l’ouest de Naplouse).

Lorsque la seconde Intifada a éclaté, en 2000, je suis resté travailler à Naplouse pendant trois ans, et puis je suis retourné à Tel-Aviv. J’ai réussi à dégoter des papiers pendant un an, en tant que business man. J’ai fictivement travaillé avec le frère de ma femme qui a un magasin ici et qui dois acheter des produits en Israël pour faire marcher son commerce. Tous les trois mois, je devais réactualiser mes papiers. Et puis ça s’est arrêté. Aujourd’hui, je travail illégalement dans un magasin de prêt-à-porter à Tel-Aviv. Je gagne bien mieux ma vie là bas. Pour un travail de 8 heures par jour avec le weekend, en Israël, je gagne 5 000 shekels par mois. Ici, je dois travailler 10 heures par jour, avec un jour de repos par semaine et je ne gagne que 2 000 shekels par mois. Depuis que je travail en Israël, je suis resté 6 années dans l’illégalité. Mais, si je pouvais trouver un travail à Naplouse, payé à 70% de ce que je gagne là bas, je n’irais pas.

Comment passez vous les contrôles de sécurité ?

Je pars tous les dimanches matin à 6 heures et j’arrive à Tel-Aviv vers 11 heures, en fonction de la situation. Ce n’est pas difficile d’aller en Israël. Nous retrouvons un bus israélien à la sortie de la ville, nous sommes une vingtaine de travailleurs illégaux. Nous payons le chauffeur 140 shekels par personne pour aller jusqu’à Jérusalem. Le chauffeur est un israélien, il emprunte les routes des colons. Au passage du check point de sortie des territoires palestiniens, il passe en faisant un signe aux soldats avec un grand sourire. Ils n’y voient que du feu. Dans le bus, on ferme les rideaux consciencieusement pour ne pas être repéré. Si le chauffeur se fait attraper, il doit payer une amende de 10 000 shekels et il écope d’un mois de suspension de licence de travail. Si il récidive, il va en prison. Si nous, en tant que travailleurs illégaux on se fait arrêter, que nous sommes âgés et qu’ils n’ont pas de dossiers ouvert sur nous, ils nous renvoient en Palestine ou en interrogatoire au poste de Police. Si ils attrapent un jeune, ils le mettent directement en prison. Une fois à Jérusalem, on prends les bus réguliers qui nous emmènent à Tel-Aviv. Normalement je reste une semaine sur Tel-Aviv et je rentre le week-end. Mais ça dépend de la situation. Lorsque les soldats font des incursions prolongées dans mon camp ou dans la ville, et que les habitants sont sous couvre feu, je ne peux pas rentrer alors je reste à Tel-Aviv deux semaines voir un mois parfois. Je dors là où je travail.


Comment organisez-vous votre vie à Tel-Aviv ?

Dans Tel-Aviv, je circule en vélo. Dès que j’aperçois une patrouille de police, je change de chemin. Ils m’ont attrapé deux fois : la première ils m’ont laissé partir, la seconde ils m’ont demandé où j’avais volé mon vélo. J’ai du les emmener au magasin pour leur prouver que je l’avais acheté. Dans les rues israéliennes, quand je suis en règle je me permets de parler en arabe mais quand je n’ai pas de papiers, je ne parle que l’hébreu. J’ai la chance de parler cette langue couramment. A mes débuts à Tel-Aviv, je logeais à 10 Km de mon travail. Tous les jours je prenais le bus. Je m’habillais bien, je mettais des lunettes de soleil et je ne parlais pas en arabe. Ils ne pouvaient pas savoir que j‘étais palestinien mais beaucoup me dévisageaient quand même. J’ai peur de prendre le bus à cause de attentats suicides. Quand un jeune se fait sauter, il meurt, sa maison est détruite, les palestiniens perdent tout à faire ça. Au début on pensait qu’avec ces bombes, les israéliens quitteraient nos terres. Mais aujourd’hui, ça ne nous apporte que des problèmes on ne peut plus aller travailler et on se fait arrêter. Je pense qu’il vaut mieux dialoguer et faire la paix.

Quelle est votre relation avec les israéliens ?

Dans mon travail, ils me respectent et moi aussi. Ils ont besoin de moi. Ils disent souvent que les israéliens travaillent moins bien que les palestiniens. Ils aiment bien embaucher des arabes, ils semblent nous faire plus confiance et puis ils nous payent moins. A Tel-Aviv, les gens commencent à me connaître, ils me disent bonjour et je leur réponds poliment. Ils sont gentils et moi aussi. J’ai des amis là bas, notamment un conducteur juif iraquien que j’aime beaucoup et avec qui je vais à la mer le week-end quand je ne peux pas rentrer chez moi. Tous les juifs ne sont pas pareils, mais il y a beaucoup de racisme anti-arabe en Israël. Tous les jours dans les rues de Tel-Aviv, je vois une femme policier en civile qui, dès qu’elle entends parler l’arabe, elle appelle son central et emmène le fautif au commissariat. Souvent, quand je discute avec les israéliens dans la rue, ils me disent que personne ne veut d’eux alors que nous, les arabes, nous avons beaucoup de terres et qu’on peut aller ailleurs. Je leur réponds que moi, je suis palestinien, je ne suis ni jordanien, ni saoudien, mon pays c’est la Palestine.


Nadia S.
Le 22 octobre 2007, Naplouse

17 octobre 2007

Polémique autour du projet de route dans les territoires palestiniens

Peu avant l’arrivée de Condoleezza Rice au Proche Orient, le gouvernement israélien a annoncé la réquisition de plus de 1 100 dunams de terrains palestiniens pour la construction d’une nouvelle route. La polémique autour de la raison stratégique de cette décision a été l’un des sujets abordés par Mme Rice lors de ses différentes visites.


Le ministère israélien de la défense a réquisitionné plus de 1 100 dunams de terre palestinienne pour la construction d’une nouvelle route permettant de relier les villages palestiniens de la région sud-est de Jérusalem à Jéricho, dans la vallée du Jourdain. Selon l’armée israélienne, ce projet a pour but l’amélioration de la vie des palestiniens. Cependant, le tracé de cette nouvelle route est stratégiquement étudié pour permettre l’annexion à Israël de la plus grande colonie de Cisjordanie : Ma’ale Adoumim, qui compte 32 000 habitants. C’est à ce propos que Mme Rice a prié le gouvernement israélien de ne rien entreprendre qui pourrait « éroder la confiance des palestiniens. »


Quatre villages ont vu leurs terres réquisitionnées : Abu Dis, Arab al-Sawahra, Nebi Musa and Talhin Alhamar. 70% des terres confisquées appartiennent aux habitants du village d’Abu Dis. «Nous avons reçu un avis de saisie il y a une semaine, témoigne Ibrahim Jaffal, le maire d’Abu Dis (sur la photo avec le document envoyé par le gouvernement israélien). Mais ces terres ont été confisquées en 1981 et sont devenues une zone militairement fermée. Depuis, nous n’avons pas le droit d’y mettre les pieds.» Ajoute-t-il.




Cette route vient s’ajouter à la construction du mur à l’est du village d’Abu Dis, complétant celui qui existe déjà, à l’ouest (voir photo à gauche). Ce nouveau mur, en cours d’édification, participera à l’intégration de la colonie de Ma’ale Adoumim à Israël en séparant totalement le village de la zone coloniale (voir photo ci dessous : la colonie derrière les fils barbelés et une nouvelle route d'apartheid se construit).





« Le mur va finir par entourer toute la région sud-est de Jérusalem, qui compte 70 000 habitants, et ils vont continuer jusqu’à ce qu’ils atteignent le village d’Arata, au nord est de Jérusalem. Ils ont déjà commencé à travailler sur les confiscations, constituant en tout, 8500 dunams de la terre de notre village. » Insiste le maire d’Abu Dis.


C’est le fameux « projet E1 » relancé par Sharon en 2005. Le professeur Meir Margalit, coordinateur du Comité israélien contre la destruction de maisons, s’inquiète : « Nous sommes préoccupés par la relance de ce vieux projet israélien qui consiste à construire 3500 logements sur la zone E1 entre Jérusalem Est et la colonie de Ma’ale Adoumim. Si cette connexion se fait, elle coupera la continuité entre le nord et le sud de la Cisjordanie et rendra alors quasi impossible l’établissement d’un état palestinien viable. » Déclare-t-il. L’état Hébreux veut intégrer la route déjà existante entre Jérusalem et Jéricho, et la réserver spécialement aux israéliens. « C’est une nouvelle preuve que nous vivons dans un état qui impose le système d’apartheid », ajoute Meir Margalit.


Les villageois ont 21 jours à compter de ce mardi pour manifester leur mécontentement auprès d’une cour de justice. « Nous avons contacter notre avocat, et nous allons allé devant la Haute Cour de Justice israélienne. affirme M. le maire. « Nous avons déjà réussi à ce que ce sujet soit abordé par Codoleezza Rice lors de sa visite, en espérant que les pressions américaines serviront à quelques choses, même si nous n’avons aucune confiance envers le gouvernement américain. » Pour nombre de points stratégiques, les palestiniens mettent à l’épreuve la crédibilité de la diplomatie américaine et son poids sur les décisions israéliennes.


Nadia S.

16 octobre 2007

Rice rencontre Abbas à Ramallah

Pour sa septième visite de l’année au Proche Orient, la Secrétaire d’Etat américain, Condoleezza Rice s’est longuement entretenue avec le président palestinien, Mahmoud Abbas. Ce dernier a expressément demandé à Mme Rice de faire stopper les activités coloniales israéliennes et la construction du mur d’annexion.

Le président Abbas a réitéré l’unité du peuple palestinien : « Jérusalem Est, la bande de Gaza et la Cisjordanie ne forme qu’une seule et même entité. » déclare-t-il lors de sa conférence de presse avec la secrétaire d’état américain. « J’ai expressément demandé à Mme Rice de nous aider à stopper les activités coloniales israéliennes, la construction du mur d’annexion et la confiscations des terres. » explique-t-il. « Nous travaillons à la préparation d’un document conjoint avec les israéliens. Lors de mon entretien avec Mme Rice, nous avons discuté du statut de Jérusalem Est, des colonies, des réfugiés palestiniens, de la question de l’eau et des futures relations avec l’Etat d’ Israël. Le document conjoint sera basé sur la Feuille de route et sur la proposition de la Ligue Arabe » ajoute Abbas. La feuille de route, rappelons le, était un document lancé par le président Bush en juin 2003 pour mettre fin au conflit israélo-palestinien avant 2005 et comprenant trois phases. Il s’agissait pour Israël de commencer par ne pas entreprendre d’actions qui pourraient « saper la confiance » de palestiniens, comme déclaré ces derniers jours par Mme Rice, et de geler toute activités coloniales, éléments qui n’ont pas été respecté par le gouvernement israélien. Du Côté palestinien, Arafat, à l’époque sous siège à la Moqata’a de Ramallah, a été contraint de signer une constitution palestinienne qu’il avait toujours refusé car les frontières définitives du futur état n’étaient pas connues.

Pour le gouvernement palestinien, il s’agissait de plus, de créer le poste de premier ministre. Cette feuille de route contenait trop de points flous pour être efficace sur le terrain : aucune mention n’était faite concernant les frontières définitives des deux états. La proposition de la ligue arabe, datant de 2002 et réitéré en mars 2007 éxige, pour sa part, le retrait des territoires occupés depuis 1967 en échange d’une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes membre de la ligue. Cette proposition figurait déjà dans les pages de la feuille de route, constituant une partie de sa phase deux, avec l’organisation d’une conférence internationale à laquelle serait présents les membres de la ligue arabe. Tous ces éléments ne sont donc pas nouveaux dans les négociations entre israéliens et palestiniens, cependant Mme Rice a assuré que l’heure était importante dans le règlement du conflit au Proche Orient. Elle tente de pousser les deux partis à fournir un document joint pour la conférence internationale sur la paix au Proche Orient qui doit se tenir le mois prochain à Annapolis, dans le Maryland aux Etats Unis. « Cette rencontre sera des plus sérieuse » explique la secrétaire d’état américain, « le président Bush est déterminé et le processus de paix au Proche Orient est une priorité pour les Etats-Unis » rassure Condoleezza Rice. La solution à deux états est selon elle, « dans l’intérêt des Etats-Unis d’Amérique » ainsi que pour toute la région du Moyen Orient. « Les équipes de négociateurs choisis par les deux gouvernement sont professionnelles et j’ai toute confiance en elles pour parvenir à un compromis. » déclare-t-elle. « Nous allons les pousser, des deux côtés à travailler pour construire une confiance mutuelle. Ça va prendre du temps mais j’ai l’espoir que ça fonctionne et que la communauté internationale soutiendra ces efforts. Le temps est venu de créer un Etat Palestinien. » Assure-t-elle. Après un voyage éclair en Egypte, Condoleezza Rice projette de visiter Bethlehem ce mercredi et de s’entretenir avec Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères israélienne, avant de s’envoler pour Londres. Malgré ces efforts, la confiance du monde arabe n’est pas au rendez-vous et les critiques fusent en direction de Mme Rice, bien décidée à revenir dans la région avant la conférence d’Annapolis.

Nadia S.

15 octobre 2007

Deux concerts de Bryan Adams annulés

Ce 18 octobre 2007, deux concerts jumeaux, l’un dans la ville palestinienne de Jéricho et l’autre à Tel-Aviv, étaient organisés par l’ONG américaine, One Voice Palestine. Le chanteur Bryan Adams devait y participer, mais suite à des menaces, les deux concerts ont été annulés.


Les concerts du 18 octobre, qui devaient avoir lieux au stade de Jéricho et au Hayarkon Park, en plein cœur de Tel-Aviv, avaient pour but de rassembler « un million de voix pour mettre fin au conflit » et ainsi demander aux leaders de la région l’établissement de deux états mitoyens. La campagne avait récolté plus de 600 000 voix sur le site Internet de l’ONG américaine, One Voice Palestine.

Bryan Adams, le célèbre chanteur canadien, était l’invité d’honneur de ces événements, mais suite à de nombreuses protestations les concerts ont été annulés. « Un communiqué de presse calomnieux a été lancé par un groupe marginal qui a déclenché des rumeurs concernant les motivations de One Voice Palestine. » Déclare l’ONG organisatrice dans un communiqué. Elle accuse ses détracteurs de menaces à l’encontre des chanteurs et déclare avoir annulé le concert par mesure de sécurité.

L’une de ces organisations accusées est l’International Solidarity Mouvement (ISM) : mouvement civil international de protection du peuple palestinien. Dans le fameux communiqué, cette dernière déclare inacceptable que One Voice Palestine « demande aux participants de signer un mandat qui reconnaît l'égale responsabilité des "deux côtés" pour le "conflit"». D'autre part, « L'événement est appuyé par le Likud et le Shas. Ces "partenaires" israéliens sont incontestablement complices du maintien de l'occupation israélienne et autres formes d'oppression. » L’ISM a donc appelé au boycott du concert, le considérant comme une tentative de normalisation de l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens. Natasha Aruri, porte parole du mouvement, explique que l’accord de One Voice Palestine « néglige les droits palestiniens de base et le droit international, insiste Natasha Aruri. « Nous sommes pour la paix, mais une paix juste. Nous n’avons jamais menacé qui que se soit, nous avons juste contacter les chanteurs pour leur expliquer les raisons de notre protestation et beaucoup d’entre eux ont annulés leur participation aux concerts. »

Le président palestinien impliqué malgré lui

La raison réelle de l’annulation des concerts ne serait pas sécuritaire. Le bureau de Mahmoud Abbas a diffusé un communiqué deux jours avant l’annonce de l’annulation, réfutant que l'événement ait été préparé avec le soutien du président palestinien. « Il n’y a pas de problèmes majeurs de sécurité, déclare un membre de One Voice Palestine, sous couvert d’anonymat. Le bureau de Mahmoud Abbas a appelé notre ONG pour faire enlever le nom du président des prospectus. Il était très en colère que son nom soit impliqué sans qu’il ne sache rien de l'événement. C’est une erreur majeure de notre équipe et c’est la raison de l’annulation des concerts. » Déclare-t-il.

Le concert de Jéricho devait être le premier événement majeur conduit par un chanteur occidental dans les Territoires Palestiniens depuis le début de la seconde Intifada.


Nadia S.

13 octobre 2007

Palestine: les prix flambent

Les prix dans les territoires palestiniens ne cessent d’augmenter depuis la fin du mois de juillet 2007. Mais cette augmentation vient s’ajouter à celle du mois de Ramadan, durant lequel les prix peuvent passer du simple au double.

Un rapport publié par le Bureau Palestinien des Statistiques montre que les prix à la consommation ont augmenté en cette fin d’été dans les territoires palestiniens. Le taux de hausse atteint les 2,17% au mois d’août 2007 par rapport au mois précédent, atteignant les 4,19% dans la bande de Gaza. « Les raisons principales sont internationales. » Déclare Ziad Toame, Directeur général du service industrie, marché et service du consommateur au ministère palestinien de l’économie. Tout a commencé lorsque le prix du blé s’est emballé en décembre 2006 de manière spectaculaire. « Une tonne importée en Palestine est passé de 250 dollars à plus de 400 dollars, ce qui équivaut à plus de 150 dollars, soit 40% d’augmentation par tonne de blé. » Explique l’économiste. « Les grands pays producteurs de blés comme les Etats-Unis ont augmenté leur prix pour des raisons politique et environnementale : les prix de l’eau et du pétrole, nécessaires à la chaîne de production augmentent. »

Enfin, en dehors des aléas du marché international, l’économie palestinienne est dépendante de l’économie israélienne. La majorité des produits alimentaires vendus dans les territoires occupés proviennent de la production israélienne. Le prix de vente entre Israël et Palestine est le même, mais les revenus des citoyens palestiniens sont nettement plus bas que ceux de leurs homologues israéliens. « Un employé ici gagne environ 2 000 shekels (soit 495 dollars) par mois » explique M. Toame. « Son homologue israélien en perçoit 15 000 (soit 3 700 $) Cependant, au supermarché, ils payent les produit sensiblement le même prix. » 70% du marché palestinien est alimenté en produits israéliens, soit un revenu de 3 milliards de dollars par an pour la production israélienne. « Quoi qu’il en soit, les importations doivent passer obligatoirement par Israël et sont donc sujettes à des taxes. » Explique Ziad Toame. « Dans la bande de Gaza, la situation est décuplée car rares sont les produits autorisés à entrer. De plus, outre la taxe à l’Autorité Palestinienne récoltée par Israël qui en prends 3% pour ses « Services », le gouvernement Hamas demande, aux entreprises importatrices, une taxe supplémentaire prétextant être le gouvernement légitime. Ces conditions atteignent gravement le pouvoir d’achat dans la bande de Gaza. » Continu M. Toame.

Cette hausse s’ajoute à celle de chaque Ramadan dans les territoires. Les prix des produits alimentaires peuvent passer du simple au double. « Personne ne sait réellement pourquoi les prix augmentent pendant le mois de Ramadan. Mais cette réalité dépasse les frontières de la Palestine, la plupart des pays du monde arabe sont touchés par cette tendance. » Avoue Ziad Toame. Fathye, mère de famille du camp de réfugiés de Jénine, au nord de la Cisjordanie se désole : « Le kilo de tomates était à un shekel avant le Ramadan, maintenant, on l’achète à 4 ou 5 shekels. » témoigne-t-elle. « C’est très chère pour nous. Le pain est passé de deux shekels à cinq shekels. Tout augmente pendant le Ramadan et nous ne savons pas pourquoi. » La tendance à la hausse se confirme sur les marchés palestiniens à la veille de la fête de l’Eïd, mais les familles dépensent tout de même leurs deniers pour les cadeaux. Les marchés se remplissent de produits inédits : des paires de chaussures habituellement hors de prix sont vendues à la sauvette : « Chaussures volées en Israël, moitié prix ! » hurle le vendeur. C’est la loi de la débrouillardise qui prévaut.
Nadia S.